Ishtar: page 2
Note d’intention de la chorégraphe
"Au commencement, l’Univers n’est pas sorti des abîmes du chaos par la raison mais par le mouvement du corps..." Firas Al Sawah (anthropologue et écrivain syrien contemporain)
En Syrie, dans les douces soirées d’été, sous un ciel infiniment étoilé, enveloppée par le son des vagues, j’écoutais mon grand-père conter les histoires des étoiles, l’Etoile des Amants, l’Etoile portant son frère dans ses bras…
Attirée par une étoile d’une exceptionnelle brillance, qui semblait si proche, si présente, je lui pose la question : "C’est l’Etoile du Soir" me dit-il, "on l’appelle aussi Vénus, mais son nom premier est Ishtar…"
Depuis toujours, le firmament est, pour moi, un monde bien vivant, où chaque corps porte une histoire, comme chacun de nous… Mais plus encore, j’y vois la projection d’une autre mémoire de notre mémoire…
Cette création sur la Mythologie d’Ishtar est pour moi un retour aux sources de mon histoire la plus profonde, celle qui me relie à toute l’humanité.
Appartenant à une double culture, syrienne et française, je conçois cette création comme un trait d’union, un pont entre Orient et Occident.
En ce temps marqué par les conflits et le chaos, il me semble plus nécessaire que jamais de faire dialoguer ces cultures.
Profondément touchée par la situation actuelle au Moyen-Orient et par la destruction de la plus ancienne mémoire de l’humanité, je ressens la réalisation de ce projet comme une urgence.
Ishtar est, avant tout, un désir de donner corps à cette mémoire civilisatrice, de raviver et de transmettre l’Histoire que portent en elles ces pierres que l’on détruit. C’est une volonté de résistance, par la culture, face à la barbarie.
Cette Mythologie riche en symbolisme et en poésie, me passionne aussi par le fait qu’elle éclaire la nature paradoxale de l’être humain, tout en révélant ce qui est commun à tous les hommes.
Ishtar n’est-elle pas la Déesse qui réunit les opposés et crée l’Univers en mettant de l’ordre dans le Chaos ?
Rym Charabeh
